Voici ce que dit François Georges Auguste Dauverné, premier professeur de trompette au Conservatoire de Paris sur la trompette au XVIIe siècle, dans sa Méthode pour la trompette publiée en 1857.
François Georges Auguste Dauverné [photographie]. (1864). Lieu : Bibliothèque nationale de France |
Les trompettistes allemands au XVIIe siècle
"En 1823, la Société des Trompettes et des Timbaliers obtint un privilège de l'empereur Ferdinand II. Ce privilège fut successivement renouvelé par Ferdinand III, Joseph Ier, Charles VI, François Ier et Joseph II, en faveur des Trompettistes savants ou expérimentés qui se distinguaient par une habileté toute particulière à sonner de leurs instruments. Ils possédaient le secret de certains artifices ou coups de langue qu'eux seuls pouvaient pratiquer, et qu'ils ne devaient enseigner qu'aux élèves formés pour l'institution ou association connue sour le nom de Cameradschaft (société des camarades). C'est parmi les membres de ce Gymnase musical que se recrutaient les Trompettes de cour (Hoftrompeter), ceux de la ville (Stadttrompeter), et ceux de l'armée (Feldtrompeter).
Différents services étaient attribués à ces musiciens. Ils devaient annoncer le repas du souverain, puis exécuter durant ce repas des morceaux guerriers pour trois ou quatre parties de Trompette, lesquels s'appelaient Trinicium ou Quatricinium. La présence de ces artistes était en outre obligatoire dans les processions, dans les assemblées et les tournois où se rendait leur seigneur et maître. Les Trompettes de l'armée jouissaient de grandes prérogatives ; ils étaient très généreusement rétribués, et possédaient des instruments et des montures d'un grand prix." (DAUVERNÉ, 1991, p. 17)
On peut donc voir que les trompettistes allemands du XVIIe siècle obéissent aux mêmes catégories que leurs homologues français. Ils sont à cheval, jouent pour le privilège du prince, ont un rôle de divertissement (à la cour ou à la ville) ou militaire. Enfin, ils jouent pour les cérémonies.
L'usage de la trompette en France au XVIIe siècle
"Le Cérémonial de France, recueilli par Théodore Godefroy, avocat au Parlement de Paris, et publié en 1619, ne laisse aucun doute sur l'antiquité de l'usage des Trompettes en France. Le lecteur, que nous renvoyons à cet ouvrage pour ne pas nous étendre trop longuement sur le sujet, y verra qu'à toutes les fêtes, tournois, entrées, baptêmes, sacres, funérailles des rois et reines de France, depuis 1467 jusqu'en 1594, les Trompettes figuraient comme de rigueur; et les instrumentistes étaient assimilés au rang des officiers attachés aux maisons royales et à celles des princes. Aussi distinguait-on l'artiste-Trompette de celui qui ne servait que pour attirer la foule du peuple à son de Trompe, et proclamer les ordonnances; car l'usage des affiches n'existait pas alors, vu que l'imprimerie était encore au berceau. [...]
Sous Louis XIV, dit cet auteur, "il y avait des Trompettes dans toutes les compagnies de cavalerie. Le Trompette portait la livrée du roi, du prince ou du colonel, ou mestre de camp, dont les armoiries étaient ordinairement brodées sur l'un des côtés de la banderolle des trompettes, et la devise sur le côté opposé. Le Trompette était entièrement attaché au capitaine, avec obligation de le suivre, non-seulement quand il marchait à la tête de sa troupe ou autre détachement, mais encore partout où il se rendait à cheval pendant qu'il était à l'armée. Il y avait aussi dans chaque régiment un Trompette-major, lequel devait être expert pour le bruit de guerre et pour les fanfares, afin de pouvoir en instruire les autres, et notamment les nouveaux venus. Les Trompettes, dans les marches et les revues, de même que les timbaliers, se tenaient à la tête de l'escadron, à trois ou quatre pas devant le commandant. Comme eux aussi, dans le combat, ils étaient sur les ailes, dans les intervalles des escadrons, pour recevoir les ordres du major ou de l'aide-major. Les différents signaux se transmettaient par des sonneries de Trompettes, qui étaient le Boute-Selle, à cheval, la Marche, l'Appel, la Retraite, et la Sourdine, ainsi nommée, parce qu'elle donnait l'ordre de marcher à petit bruit. Les Trompettes étaient aussi employés comme parlementaires, et, par cette raison, on exigeait d'eux qu'ils fussent des hommes discrets et intelligents. [...]
Sous Louis XIV, les quatre compagnies des Gardes du corps de la maison du Roi avaient chacune sept Trompettes et un Timbalier. Il y avait par compagnie un Trompette qui restait auprès du Roi pour son service particulier, sous le titre de Trompette des plaisirs. Il y avait également un cinquième Timbalier dépendant du corps, qui restait également auprès du Roi sous le même titre. Ce Timbalier marchait à la tête du guet, derrière le carrosse du Roi, battant de ses timbales, comme les Trompettes qui marchaient au devant du carrosse sonnaient de leurs Trompettes. Les quatre Trompettes des plaisirs portaient un habillement magnifique, fourni aux dépens du Roi. Le fond en était de velours bleu, chamarré d'argent plein. On reconnaissant à la couleur de la banderolle de leurs instruments la Compagnie à laquelle chacun d'eux appartenait. Cette couleur distinctive était, pour la première compagnie (dite Écossaise), le blanc, et pour les autres, le vert, le bleu et le jaune." (DAUVERNÉ, 1991, p. 19)
"Les fonctions de ces Trompettes étaient de servir avec le guet du quartier, par exemple dans les voyages, pour accompagner le carrosse du Roi, et de se trouver aux fêtes que le souverain donnait, de même qu'aux cérémonies royales, aux déclarations de guerre, publications de paix, etc. Ils se trouvaient également présents à tous les concerts où il fallait des Trompettes devant le Roi, tant sur le canal de Versailles que dans les appartements du château. Ainsi on les voyait figurer à la représentation des opéras, aux ballets et aux comédies qu'on donnait à la cour; quelquefois même ils accompagnaient le Roi jusque dans la chapelle. Enfin ils étaient encore de service pour la solennité de la veille ou du jour de l'Épiphanie, ainsi qu'il arriva en 1693 et 1694, années où Louis XIV fit les Rois à Versailles avec le Roi d'Angleterre et quelques princes, princesses et dames. Dans tous ces divertissements, les Trompettes des plaisirs avaient le pas sur les Trompettes de la chambre; mais le contraire avait lieu dans d'autres occasions. Ces Trompettes de chambre, que nous venons de citer, faisaient partie de la bande de la Grande Écurie. Ils se joignaient aux quatre Trompettes des plaisirs dans toutes les grandes cérémonies royales, baptêmes, mariages, sacres, funérailles et autres déjà mentionnés ci-dessus ; comme aussi lorsque le Roi allait tenir son lit de justice au Parlement, ou bien quand on portait à Notre-Dame de Paris les drapeaux enlevés aux ennemis.
"Des douze Trompettes de la Grande Écurie, qui se disaient aussi Trompettes de la chambre, le Grand Écuyer en choisissait quatre appelés Trompettes ordinaires de la chambre du Roi, lesquels avaient pour mission particulière de sonner de leurs instruments à la tête des chevaux du carosse royal, principalement dans les voyages, et quand le Roi entrait dans les villes. Toutes les fois que le Dauphin se rendait à l'armée, des quatre Trompettes des plaisirs, deux le suivaient pour exercer auprès de lui les mêmes fonctions qu'ils avaient exercées auprès du Roi. Quant aux autres, ils restaient au service du monarque. Il en était de même des quatre Trompettes de la chambre, dont les fonctions en pareil cas se trouvaient partagées de la même maniére. Ces divers usages, relatifs au service des Trompettes de la cour de France, continuèrent de subsister jusque vers la fin du règne de Louis XIV." (DAUVERNÉ, 1991, p. 19)
Sous Louis XIV, dit cet auteur, "il y avait des Trompettes dans toutes les compagnies de cavalerie. Le Trompette portait la livrée du roi, du prince ou du colonel, ou mestre de camp, dont les armoiries étaient ordinairement brodées sur l'un des côtés de la banderolle des trompettes, et la devise sur le côté opposé. Le Trompette était entièrement attaché au capitaine, avec obligation de le suivre, non-seulement quand il marchait à la tête de sa troupe ou autre détachement, mais encore partout où il se rendait à cheval pendant qu'il était à l'armée. Il y avait aussi dans chaque régiment un Trompette-major, lequel devait être expert pour le bruit de guerre et pour les fanfares, afin de pouvoir en instruire les autres, et notamment les nouveaux venus. Les Trompettes, dans les marches et les revues, de même que les timbaliers, se tenaient à la tête de l'escadron, à trois ou quatre pas devant le commandant. Comme eux aussi, dans le combat, ils étaient sur les ailes, dans les intervalles des escadrons, pour recevoir les ordres du major ou de l'aide-major. Les différents signaux se transmettaient par des sonneries de Trompettes, qui étaient le Boute-Selle, à cheval, la Marche, l'Appel, la Retraite, et la Sourdine, ainsi nommée, parce qu'elle donnait l'ordre de marcher à petit bruit. Les Trompettes étaient aussi employés comme parlementaires, et, par cette raison, on exigeait d'eux qu'ils fussent des hommes discrets et intelligents. [...]
Sous Louis XIV, les quatre compagnies des Gardes du corps de la maison du Roi avaient chacune sept Trompettes et un Timbalier. Il y avait par compagnie un Trompette qui restait auprès du Roi pour son service particulier, sous le titre de Trompette des plaisirs. Il y avait également un cinquième Timbalier dépendant du corps, qui restait également auprès du Roi sous le même titre. Ce Timbalier marchait à la tête du guet, derrière le carrosse du Roi, battant de ses timbales, comme les Trompettes qui marchaient au devant du carrosse sonnaient de leurs Trompettes. Les quatre Trompettes des plaisirs portaient un habillement magnifique, fourni aux dépens du Roi. Le fond en était de velours bleu, chamarré d'argent plein. On reconnaissant à la couleur de la banderolle de leurs instruments la Compagnie à laquelle chacun d'eux appartenait. Cette couleur distinctive était, pour la première compagnie (dite Écossaise), le blanc, et pour les autres, le vert, le bleu et le jaune." (DAUVERNÉ, 1991, p. 19)
Le Trompette à cheval / artiste anonyme français du 17e siècle [dessin]. (1945-1985). Lieu : Bibliothèque nationale de France |
"Les fonctions de ces Trompettes étaient de servir avec le guet du quartier, par exemple dans les voyages, pour accompagner le carrosse du Roi, et de se trouver aux fêtes que le souverain donnait, de même qu'aux cérémonies royales, aux déclarations de guerre, publications de paix, etc. Ils se trouvaient également présents à tous les concerts où il fallait des Trompettes devant le Roi, tant sur le canal de Versailles que dans les appartements du château. Ainsi on les voyait figurer à la représentation des opéras, aux ballets et aux comédies qu'on donnait à la cour; quelquefois même ils accompagnaient le Roi jusque dans la chapelle. Enfin ils étaient encore de service pour la solennité de la veille ou du jour de l'Épiphanie, ainsi qu'il arriva en 1693 et 1694, années où Louis XIV fit les Rois à Versailles avec le Roi d'Angleterre et quelques princes, princesses et dames. Dans tous ces divertissements, les Trompettes des plaisirs avaient le pas sur les Trompettes de la chambre; mais le contraire avait lieu dans d'autres occasions. Ces Trompettes de chambre, que nous venons de citer, faisaient partie de la bande de la Grande Écurie. Ils se joignaient aux quatre Trompettes des plaisirs dans toutes les grandes cérémonies royales, baptêmes, mariages, sacres, funérailles et autres déjà mentionnés ci-dessus ; comme aussi lorsque le Roi allait tenir son lit de justice au Parlement, ou bien quand on portait à Notre-Dame de Paris les drapeaux enlevés aux ennemis.
"Des douze Trompettes de la Grande Écurie, qui se disaient aussi Trompettes de la chambre, le Grand Écuyer en choisissait quatre appelés Trompettes ordinaires de la chambre du Roi, lesquels avaient pour mission particulière de sonner de leurs instruments à la tête des chevaux du carosse royal, principalement dans les voyages, et quand le Roi entrait dans les villes. Toutes les fois que le Dauphin se rendait à l'armée, des quatre Trompettes des plaisirs, deux le suivaient pour exercer auprès de lui les mêmes fonctions qu'ils avaient exercées auprès du Roi. Quant aux autres, ils restaient au service du monarque. Il en était de même des quatre Trompettes de la chambre, dont les fonctions en pareil cas se trouvaient partagées de la même maniére. Ces divers usages, relatifs au service des Trompettes de la cour de France, continuèrent de subsister jusque vers la fin du règne de Louis XIV." (DAUVERNÉ, 1991, p. 19)
PERRAULT C., Courses de testes et de bagues faites par le Roy et seigneurs de sa cour en l'année 1662. (1670). Paris : Imprimerie royale |
"Par ordre de Louis XIV, Lully composa des morceaux de Trompette et Timbales à l'usage des carrousels, cérémonies et services particuliers auprès de la personne du Roi, dont un recueil manuscrit formé en 1705, par les soins de Philidor l'ainé, ordinaire de la musique du Roi est conservé à la bibliothèque de la ville de Versailles.
Outre l'usage fréquent de la Trompette, tant dans les armées que pour les cérémonies pompeuses des rois et des princes, elle fut également admise dans la musique de théâtre, de concert, et notamment dans la musique d'église. [...]
La première exhibition des Trompettes dans la musique de théâtre en France eut lieu en 1674, dans l'opéra d'Alceste de Quinault et Lully. Ces instruments avaient figuré déjà sur la scène, où des musiciens, vêtus en costume de théâtre, les mettaient en jeu." (DAUVERNÉ, 1991, p. 20)
Dans la vidéo suivante, nous pouvons entendre l'Air pour le Carrousel de Monseigneur (LWV72) de Jean-Baptiste Lully. Il faudrait voir si je peux trouver la partition quelque part.
Quel répertoire joue-t-on au XVIIe siècle ?
On joue donc au XVIIe siècle un répertoire de cérémonie, l'instrument n'arrivant (en France) dans l'orchestre qu'en 1674. En 1856, Dauverné dit que "la nature de la Trompette ne permettant pas d'en varier beaucoup la musique, qui est extrêmement simple, l'étude simultanée d'un autre instrument, soit le piano, le violon, ou le violoncelle, devra hâter le développement des facultés musicales. J'engagerai donc les jeunes élèves à s'imposer l'obligation d'étudier l'un de ces instruments, concurremment avec la Trompette." (DAUVERNÉ, 1991, p. 55)
On voit donc que même au milieu du XIXe siècle, le répertoire pour trompette est considéré comme pauvre, au point qu'on conseille de jouer d'un autre instrument pour développer sa musicalité. Serait-ce la raison pour laquelle nous ne jouons quasiment que du répertoire postérieur à cette date ?
Sources :
Cum Deo et victribus armis (2010, 27 avril). Lully - Fanfare pour le Carrousel Royal [fichier vidéo]. Repéré à https://www.youtube.com/watch?v=kAOpFAGU3aA
DAUVERNÉ, F.G.A. (1991). Méthode pour la trompette : précédée d'un précis historique sur cet instrument en usage chez les différents peuples depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. Paris : Éditions International Music Diffusion.
François Georges Auguste Dauverné [photographie]. (1864). Lieu : Bibliothèque nationale de France
PERRAULT C., Courses de testes et de bagues faites par le Roy et seigneurs de sa cour en l'année 1662. (1670). Paris : Imprimerie royale
Le Trompette à cheval / artiste anonyme français du 17e siècle [dessin]. (1945-1985). Lieu : Bibliothèque nationale de France
François Georges Auguste Dauverné [photographie]. (1864). Lieu : Bibliothèque nationale de France
PERRAULT C., Courses de testes et de bagues faites par le Roy et seigneurs de sa cour en l'année 1662. (1670). Paris : Imprimerie royale
Le Trompette à cheval / artiste anonyme français du 17e siècle [dessin]. (1945-1985). Lieu : Bibliothèque nationale de France
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