mardi 21 février 2017

"Mélodie" de Michele Enrico Carafa

Le Gymnase musical militaire est créé en 1836 pour former des musiciens militaires quand le Conservatoire de Paris ne forme plus que des musiciens civils. L'un des professeurs de cornet qui y enseigna fut Joseph Forestier qui publia en 1844 sa Méthode complète théorique et pratique pour le cornet chromatique à pistons ou cylindres

Forestier, 1844
(source : Gallica/BnF)

Joseph Forestier (1844, p. 4) dresse un portrait du cornet à pistons au milieu du XIXe siècle qui est très intéressant sur la situation historique de l'instrument : "Lorsque je conçus pour la première fois l'idée d'écrire une méthode pour le Cornet à pistons je craignis un instant que l'espèce de défaveur qui s'est attachée a cet instrument ne rendit mon travail inutile: mais convaincu que cette défaveur était encore moins méritée que la vogue exagérée dont le Cornet jouissait naguère ; encouragé d'ailleurs par l'accueil bienveillant du public et les suffrages de Mrs. Rossini, Carafa et Auber, je résolus de poursuivre mon oeuvre, dans l'espoir qu'elle ne serait pas sans utilité pour ceux qui se livrent à l'étude de cet instrument." Il explique en effet qu'on a voulu lui donner le rôle d'une trompette, ce qui était un contre-emploi pour cet instrument à la sonorité ronde et douce. Par ailleurs, le cornet ne possédait à l'époque que deux pistons et "l'imperfection de sa construction première (deux pistons seulement), en le privant de plusieurs notes essentielles, bornait son usage et embarrassait souvent les compositeurs qui voulaient écrire pour le Cornet-à-pistons." (ibid.). 

Maurin, 1840
(source : Gallica/BnF)
Le directeur du Gymnase musical militaire depuis 1838 est Michele Enrico Carafa, prince de Colobrano, naturalisé Français sous Napoléon, qui "eut la malchance de mettre en musique plusieurs livret qui devaient plus tard être repris par Auber, Donizetti ou Marcadante dans des oeuvres dont le succès effaça les siens. Il demeura un peu dans l'ombre de Rossini" (Carafa di Colobrano Michele, 2005). Il offrit néanmoins une très agréable dédicace à la méthode de son professeur. 

Forestier, 1844
(source : Gallica/BnF)
Joseph Forestier eut l'élégance de faire figurer dans sa méthode une mélodie de Carafa, son directeur. Malheureusement, on sent dans l'écriture que ce dernier n'est pas du tout cornettiste tant l'écriture est maladroite (rythmiquement et musicalement). 


Forestier, 1844, pp. 100-101
(source : Gallica/BnF)
C'est néanmoins l'occasion de sortir de l'ombre ce compositeur surtout connu pour ses opéras. La mélodie souffre de ne pas avoir un caractère très fort et on voit bien qu'elle ne sert que de prétexte à démontrer la virtuosité du cornet à pistons. Voici donc cette petite mélodie pour deux cornets qu'il composa en 1844. Je n'ai malheureusement pas pu supprimer certains bruits de pistons. Je m'enregistre avec des écouteurs qui se trouvent donc très près de l'instrument et des différents bruits métalliques qu'il peut produire. 



Sources :

Carafa di Colobrano Michele. (2005). Dans M. Vignal (dir.), Dictionnaire de la musique (p. 133). Paris : Larousse. 

François Frémeau. (2017, 21 février). "Mélodie" de Michele Enrico Carafa [Vidéo en ligne]. Repéré à https://youtu.be/KQwdy-IQ0fg

Forestier, J. (1844). Méthode complète théorique et pratique pour le cornet chromatique à pistons ou cylindres. Paris : Bernard Latte. 

Gymnase musical militaire. (2017, 16 février). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 21 février 2017 à partir de

Maurin, A. (1840). Michele Enrico Carafa [estampe, 28x22 cm]. Paris : Rosselin. 

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