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samedi 18 février 2017

"Prière du matin" de Johann Ernst Altenburg

La trompette, à l'époque baroque, est l'instrument représentant par excellence le divin. "La trompette naturelle, avec ses accords parfaits majeurs purs, incarnait, dans le monde sonore, l'idéal de la proportion baroque" (Harnoncourt, 1985, p. 90). La méthode Dauverné propose aussi quelques exemples de musique religieuse.

Gigl, 1945-1985
(source : Gallica/BnF)
Les trompettes accompagnaient souvent les cérémonies religieuses officielles de la cour, comme on peut le voir sur ce dessin où les Trompettes de la chambre précèdent Louis XV lors de son sacre. 

Dulin, 1722
(source : Images d'art)

Une partition d'une page est proposée par le professeur du XIXe siècle avec une explication au sujet des sourdines sur les trompettes en ré. Ces dernières montant le son d'un ton, on comprend donc l'emploi de trompettes en ré pour les Clarini 2 et 3. 

Dauverné, 1857, p. XLV
(source : Gallica/BnF)
Mais, étonnamment, il faut jouer toutes les parties sur la même trompette. Dauverné semble en effet avoir transposé les parties de trompette en ré pour qu'elles soient jouées sur le même instrument que les parties extrêmes. Pour jouer cette partition, j'ai choisi une trompette en mi bémol pour les parties extrêmes et une trompette piccolo en si bémol avec sourdine (afin de se rapprocher de l'intention originelle d'Altenburg) pour les parties centrales. 

Jouvenet, 1708-1710
(source : Images d'art)
Ici, les trompettes sont dans une tessiture très aiguë (que nous avons perdue avec l'arrivée des pistons) et expriment clairement un sentiment de plénitude et de calme invitant en effet à la contemplation. Les voix se croisent et se mélangent dans un ensemble très solennel. Il est très probable que la partie grave était doublée à la saqueboute et/ou aux timbales. 






Sources :

Dauverné, F.G.A. (1857). Méthode pour la trompette : précédée d'un précis historique sur cet instrument en usage chez les différents peuples depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. Paris : G. Brandus, Dufour et Cie.

Dulin, P. (1722). Louis XV, allant à l'église pour son sacre [encre de Chine, rehauts de blanc, lavis d'encre de Chine, dessin à la plume, papier gris]. Paris : Musée du Louvre.

François Frémeau. (2017, 18 février). "Prière du matin" de Johann Ernst Altenburg [Vidéo en ligne]. Repéré à https://youtu.be/Lfy_lj--13U

Gigl, H.G. (1945-1985). Ange musicien [photographie]. Paris : Bibliothèque nationale de France.

Harnoncourt, N. (1985). Le dialogue musical : Monteverdi, Bach et Mozart. Paris : Gallimard. 

Jouvenet, J. (1708-1710). La messe du chanoine de La Porte ou le maître autel de Notre-Dame [huile sur toile, 1620x1410]. Paris : Musée du Louvre. 

vendredi 17 février 2017

"Quatricinium" de Johann Ernst Altenburg

François Georges Auguste Dauverné fut le premier professeur de trompette au Conservatoire Impérial de Musique et de Déclamation de Paris. Dans sa méthode, éditée en 1857, et disponible en intégralité sur Gallica, il fait état des pratiques de l'époque l'ayant immédiatement précédé. Ainsi, il écrit : "Au siècle dernier la manière d'écrire pour la Trompette offre assez de curiosité pour qu'il soit intéressant de reproduire sous les yeux du lecteur quelques fragments authentiques extraits principalement des oeuvres célèbres de Handel, et de l'ouvrage de J. E. Altenburg" (Dauverné, 1857, p. XXVIII). Il est évident que, sous le Second Empire, ces airs de cour de la fin du XVIIIe siècle paraissent pour le moins désuets. 

Rousseau & Rousseau, XVIIIe siècle
(source : Images d'art)

Johann Ernst Altenburg est un compositeur, organiste et trompettiste allemand du XVIIIe siècle. Dauverné tire plusieurs pièces composées par Altenburg dans un ouvrage qui se nommerait "Essai d'une instruction pour l'Art héroïque et musical des Trompettistes" publié à Halle en 1795. Il est vrai que le morceau intitulé "Quadricinium, ou morceau pour 4 Trompettes, du XVIIIe siècle" a un caractère assez héroïque. On peut aisément imaginer qu'il a servi au divertissement extérieur d'une cour allemande à la fin du XVIIIe siècle. 

Dauverné, 1857, p. XXXI
(source : Gallica/BnF)

Je me suis donc amusé à enregistrer cette page de musique vieille de trois siècles. La synchronisation n'est pas optimum, mais on peut se faire une idée de comment cette pièce sonnait. J'ai joué les parties de Clarino I et III sur une trompette piccolo et les parties de Clarino II et IV sur une trompette en ut. Cette répartition entre instruments aigus et instruments graves dans l'écriture ressemble à l'actuelle écriture pour cor dans l'orchestre. Voici donc comment pouvait sonner cette pièce (bien que jouée sur des instruments modernes). L'enregistrement est également disponible sur Soundcloud.




Sources :
Dauverné, F.G.A. (1857). Méthode pour la trompette : précédée d'un précis historique sur cet instrument en usage chez les différents peuples depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. Paris : G. Brandus, Dufour et Cie.

François Frémeau. (2017, 17 février). "Quatricinium, ou morceau pour 4 Trompettes du XVIIIe siècle" de Johann Ernst Altenburg | Trompette [Vidéo en ligne]. Repéré à https://youtu.be/t91FV15_9Cc

Johann Ernst Altenburg. (2016, 21 avril). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 12:35, février 17, 2017 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Johann_Ernst_Altenburg&oldid=125470849.

Rousseau, J.-H. & Rousseau, J. S. (XVIIIe siècle). Versailles, cabinet de la garde-robe de Louis XVI.