La danse par excellence au XIXe siècle est la valse. "Dans la musique occidentale, la valse est une des rares danses à avoir fait se rejoindre musique savante et sensibilité populaire [...]. On trouve donc des valses absolument partout : dans les bals populaires ou de la haute société" (Valse, 2005, p. 868).
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| Lami, XIXe siècle (source : Images d'art) |
Or, la trompette à l'époque est encore un instrument ne pouvant jouer que les harmoniques naturelles d'un son (contrairement au cornet qui peut faire l'ensemble du chromatisme mais qui n'est pas encore popularisé dans la première moitié du XIXe siècle).
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| Dauverné, 1857, p. XXVII (source : Gallica/BnF) |
Le réservoir de notes est donc limité pour notre instrument. C'est sans compter sur l'inventivité extraordinaire de François Georges Auguste Dauverné, professeur de trompette au Conservatoire de Paris, qui va combiner des trompettes de tonalités différentes pour obtenir une harmonie plus riche et plus complexe. En effet, si je prends les deux premières harmoniques sol et do jouées sur une trompette en si bémol, j'obtiens fa et si bémol. Si je les joue sur une trompette en mi bémol, j'obtiens si bémol et mi bémol. Avec toutes ces combinaisons et quelques harmoniques aiguës pour varier le tout, Dauverné arrive à réaliser une vraie petite valse qui permet à la trompette naturelle de participer au répertoire grand public de son époque.
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| Dauverné, 1857, pp. 134-135 (source : Gallica/BnF) |
Ce morceau demande de combiner deux trompettes en mi bémol et une trompette en si bémol pour la basse. Je possède des instruments dans ces deux tonalités (bien qu'à pistons) ce qui m'a permis d'essayer cette combinaison proposée par Dauverné. Après un petit solo de trompette en mi bémol, la valse démarre avec de très beaux accords de septième de dominante sforzando et l'emploi très en vogue à l'époque du triple staccato (utilisé notamment dans les polka). À la fin des deux pages, c'est un petit relais entre la trompette si bémol et la trompette mi bémol qui permet de monter la gamme et de reprendre Da Capo.
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| Spindler, 1896 (source : Gallica/BnF) |
On imagine les élèves du conservatoire aller jouer dans les kiosques parisiens les dimanches ensoleillés et les passants danser au son des trompettes. Une petite valse assez fière et très française dans l'emploi répété du staccato.
Sources :
Dauverné, F.G.A. (1857). Méthode pour la trompette : précédée d'un précis historique sur cet instrument en usage chez les différents peuples depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. Paris : G. Brandus, Dufour et Cie.
François Frémeau. (2017, 17 février). "Valse" de François Georges Auguste Dauverné [Vidéo en ligne]. Repéré à https://youtu.be/ycrjguv30JI
François Frémeau. (2017, 17 février). "Valse" de François Georges Auguste Dauverné [Vidéo en ligne]. Repéré à https://youtu.be/ycrjguv30JI
Lami, E. (XIXe siècle). Quatre études d'un couple valsant [aquarelle, mine de plomb]. Paris : Musée du Louvre.
Spindler, C. (1896). Valse d'honneur = Ehrentanz [image fixe]. Paris : Bibliothèque nationale de France.
Valse. (2005). Dans M. Vignal (dir.), Dictionnaire de la musique (p. 868). Paris : Larousse.
